Je refuse d’être parfaite et je m’assume
Pendant longtemps, j'ai cru qu'il fallait « bien faire ».
Bien faire dans mes études, bien faire dans mon travail, bien faire dans ma vie personnelle. La perfection semblait être le seul chemin possible pour être reconnue, respectée, légitime.
Mais à quel prix ?
La quête de perfection n'est pas un moteur, c'est une prison. Elle enferme dans le doute, dans la peur de ne jamais être assez. Et pour beaucoup de femmes, elle alimente ce qu'on appelle le syndrome de l'imposteur.
En lisant récemment l'article "Dirigeantes sous pression : comment le féminisme néolibéral alimente le syndrome de l'imposteur" publié par The Conversation, j'ai pris conscience une fois de plus de cette évidence : oui, je ne suis pas parfaite! Comme toutes les femmes et comme tous les hommes finalement! Et j'ai décidé de refuser ce système qui me demande d'incarner des standards impossibles. Aujourd'hui je garantis une forme d'imperfection au service de ma performance.
Accepter l'imperfection comme une force
Alors aujourd'hui, je choisis autre chose.
Je choisis l'imperfection.
Je choisis l'alignement.
Je choisis de m'assumer telle que je suis, avec mes forces et mes fragilités.
Et ce choix, je l'applique aussi dans ma manière de travailler avec mes équipes.
Je suis « connue » pour leur dire régulièrement : « Ne cherchez pas à faire trop parfait. Laissez une part de flou, une part de liberté, une part non contrôlée qui soit seulement bornée. »
Pourquoi ? Parce que dans cette respiration, il y a une détente incroyable.
Parce que quand on arrête de viser la perfection, on gagne en efficacité et en confiance.
Parce que la qualité ne disparaît pas : au contraire, elle s'élève. Les personnes osent davantage, elles créent, elles innovent, elles ne s'auto-censurent plus.
Et si nous changions notre regard sur la réussite ?
Accepter l'imperfection ne veut pas dire renoncer à l'exigence. Cela veut dire déplacer le curseur.
Ne plus viser le contrôle absolu, mais l'équilibre.
Ne plus chercher la performance pour la performance, mais l'alignement avec soi-même et avec ce que l'on veut transmettre.
Et si la vraie réussite n'était pas dans le fait d'être « parfaite », mais dans le fait d'être juste : juste soi, juste présente, juste alignée ?
Une éducation à réinventer dès l'enfance
Ce regard sur l'imperfection et sur la performance ne peut pas seulement se construire à l'âge adulte, dans les entreprises ou les organisations. Il prend racine beaucoup plus tôt.
Dès la petite enfance, nous transmettons – parfois sans le vouloir – des messages très différents aux filles et aux garçons.
Aux filles : « sois sage », « applique-toi », « fais bien les choses ».
Aux garçons : « sois fort », « sois courageux », « prends ta place ».
Ces injonctions façonnent des comportements. Elles enferment les unes dans la quête de perfection et de validation extérieure, et les autres dans l'obligation de performance et de contrôle.
Changer cela, c'est apprendre aux filles et aux garçons à accueillir leurs imperfections, à respecter leurs fragilités autant que leurs forces, et à oser exister pleinement. C'est offrir un cadre où la liberté d'être soi prime sur la recherche de validation.
L'imperfection comme antidote au syndrome de l'imposteur
Et si, au lieu de demander aux femmes de toujours « prouver » leur valeur, nous leur donnions la permission d'être plus elles-mêmes ?
Et si nous valorisions l'imperfection comme un espace de liberté et d'innovation, plutôt que comme une faiblesse à corriger ?
Le véritable antidote au syndrome de l'imposteur n'est peut-être pas dans la surenchère d'efforts, mais dans l'acceptation profonde de ce que nous sommes.
Car c'est de cette liberté-là que naît un leadership inspirant :
un leadership enraciné dans l'alignement, nourri par l'authenticité, et ouvert à l'imperfection.
✨ L'essentiel, pour être performant, n'est pas de courir après une perfection toujours insatisfaisante et frustrante. C'est de s'assumer pleinement, avec ses forces et ses zones d'ombre. C'est là, précisément, que nous devenons souvent bien plus performants que dans la quête illusoire d'une pseudo-perfection.
Une conviction qui guide Stratégie Yin
Cette conviction, je la porte aussi au cœur de Stratégie Yin : accompagner les individus et les organisations à réconcilier performance et authenticité.
À redonner une place à l'imperfection comme espace de confiance et de créativité.
À construire des environnements où chacun peut s'assumer pleinement, et donc révéler le meilleur de soi.
Car au fond, il n'y a pas de transformation durable sans alignement.
Et il n'y a pas d'alignement sans l'acceptation de notre part d'imperfection.
Suzanne Dumouchel